
Août 2017 : un an après
Chiffres et analyse concernant les dix personnalités politiques françaises les plus suivies sur Facebook et Twitter* en août et leur évolution sur une année.
Classement Facebook | Personnalités FACEBOOK | Mentions "J'aime" | Followers | Personnalités TWITTER | Classement Twitter |
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1 | Emmanuel Macron | 1 909 600 | 2 071 800 (=; +21,7%) | @fhollande | 1 |
2 | Marine Le Pen | 1 597 200 (-1; +45,4% sur 1an) | 1 919 400 | @EmmanuelMacron | 2 |
3 | Jean-Luc Mélenchon | 1 060 000 (+2; +134%) | 1 756 700 (-1; +27,5%) | @NicolasSarkozy | 3 |
4 | François Hollande | 1 019 800 (-1; +8,60%) | 1 658 200 (-1; +48,3%) | @MLP_officiel | 4 |
5 | Nicolas Sarkozy | 971 100 (-3; 0%) | 1 365 400 (-1; +59,8%) | @JLMelenchon | 5 |
6 | Marion Maréchal Le Pen | 810 300 (-2; +35,8%) | 1 261 700 | @Anne_Hidalgo | 6 |
7 | Najat Vallaud Belkacem | 440 600 (=; +28,9%) | 881 400 (-2; +56,9%) | @najatvb | 7 |
8 | Rama Yade | 376 300 (-2; +1,80%) | 733 500 (-2; +46,6%) | @manuelvalls | 8 |
9 | François Fillon | 375 000 | 692 800 (-1; +77,7%) | @alainjuppe | 9 |
10 | Christiane Taubira | 276 500 (-2; +72,9%) | 592 900 | @FrancoisFillon | 10 |
*Les chiffres ont été relevés le 27 août 2017, et comparés avec ceux d’août 2016.
Observations sur l’évolution du paysage politique en 1 an
- Une entrée « fracassante » : Emmanuel Macron
Tant sur Twitter que sur Facebook, Emmanuel Macron a atteint, depuis son élection, les sommets du classement, alors qu’il en était absent en août 2016. Pour l’heure, il n’a toutefois pas rattrapé François Hollande sur Twitter, malgré l’artisanat et le degré de communication zéro de l’ancien Président de la République (humble preuve que ce n’est pas la qualité de la communication qui fait l’audience).
- Stratégie twittos « gagnante » pour Anne Hidalgo : l’effet #Paris2024 ?
Anne Hidalgo est la seule personnalité politique à entrer dans l’arène des 10 personnalités les plus suivies sur Twitter hors élections. Pourquoi ? La promotion de Paris 2024 lui ont-elle donné une stature internationale ? Le résultat d’une communication très réactive, autant en lien avec la ville de Paris que dans des domaines nationaux ou internationaux ? Nous laissons la réponse ouverte (d’autant plus qu’Anne Hidalgo nous suit… comme 17 000 autres twittos, ce qui est assez peu commun pour une personnalité politique actuellement).
- Le candidat des réseaux sociaux : Jean-Luc Mélenchon
Encore davantage que Marine Le Pen, qui avait déjà dépassé le millier d’abonnés sur Facebook en 2016, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a su bénéficier du boost de la vague sur les réseaux sociaux : en un an, son nombre de « j’aime » sur Facebook a grimpé de 134% ! L’omniprésence du candidat sur les réseaux sociaux, son développement d’un média qui correspond à ses indéniables qualités de tribun (Youtube), des actions ponctuelles telles que celle de l’hologramme, ou d’une adresse à un forum 12-25 ont beaucoup fait pour le rajeunissement et la popularité renouvelée de son image.
- Le passage du millier se « normalise »
En août 2016, seuls trois politiques français pouvaient se targuer d’avoir dépassé le millier d’abonnés sur leurs réseaux sociaux : François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen (qui prenait même la première place sur Facebook, à coup de communication et de stratégies de développement de réseaux). L’augmentation croissante du nombre d’abonnés a rendu ce passage moins symbolique, et aujourd’hui, 6 personnalités ont passé ce cap trois anciens et actuels présidents (Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron) et deux hyperactifs 2.0 des extrêmes (Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) et Anne Hidalgo. Certains sont en stagnation ou ont arrêté de communiquer (Nicolas Sarkozy est muet depuis novembre 2016 et son éviction des Primaires sur Facebook, François Hollande n’a pas fait évoluer sa communication sommaire twitterienne) mais ils conservent néanmoins une audience (et donc un impact) non négligeable en cas de crise ou d’événement politique du fait de leur passé.
- L’oublié pas si absent : François Fillon
Est-ce un phénix destiné à renaître de ses cendres… ou tout simplement les restes d’une débâcle de la Droite ? François Fillon n’était en effet pas présent l’an passé dans ce top 10 : la Primaire lui aura permis d’entrer dans le club très sélect des personnalités avec le plus d’audience virtuelle, malgré les affaires qui suivirent.
Ce que ne disent pas ces chiffres :
- Le politique français le plus apprécié ou le plus susceptible d’être élu
Quelle que soit l’échéance, le nombre de likes ou de follows n’a pas d’incidence direct sur les urnes. On a d’ailleurs coutume de dire que les politiques sur internet ne prêchent qu’à un réseau d’un public déjà converti. Il faut aussi distinguer l’implication personnelle sur les deux réseaux sociaux distincts. Si sur Facebook, liker (aimer) un candidat suppose souvent d’approuver partie (ou totalité) de ses idées; sur Twitter, suivre un politique ne relève pas forcément de l’adhésion, mais plutôt de la curiosité (voire d’un peu de voyeurisme). Certains politiques (Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon notamment) sont en effet hyperactifs sur les réseaux sociaux, et leur réactivité à l’actualité nationale et internationale engendre souvent des phrases chocs et de petits buzzs médiatiques qui captent l’intérêt des internautes.
En revanche, il est indéniable que le candidat le plus suivi dispose forcément d’un réseau de diffusion de ses idées plus étendu 2.0 que le candidat peu suivi. Cela ne vaut pas l’action de terrain et la place qu’ont toujours les médias « traditionnels » (presse, journaux, TV) mais joue d’une certaine complémentarité. Les réseaux sociaux ont le remarquable intérêt pour chaque politique qui en use de lui permettre de biaiser l’information à son avantage, et de choisir ce qu’il souhaite mettre en avant de lui et des sujets qui l’intéressent (et son censés intéresser ses potentiels électeurs) : l’homme – ou la femme – politique devient son propre média.
- Le meilleur communiquant politique
Il serait bien simpliste de conclure que la communication de François Hollande sur Twitter est la meilleure de toutes sur ce réseau social, au vu de sa faible présence (moins d’un tweet par jour) et du peu de soin apporté à la présentation de ses tweets (liens vers Facebook ou absence de visuel). En revanche, la première position de François Hollande sur ce réseau social montre l’intérêt français et international pour le Chef d’État, amené notamment à réagir lors de crises telles que celles des attentats, et qu’il faut donc suivre pour être informé.
Par ailleurs, les chiffres de Facebook sont à relativiser, dans la mesure où nous ne savons pas dans quelle mesure et à raison de quel budget marketing chaque politique s’est investi sur ce réseau social. Les posts sponsorisés peuvent en effet créer un appel plus poussif à liker une page et permettre d’augmenter son nombre de j’aime. Marine Le Pen a par exemple encouragé lors d’une campagne Facebook ses militants et sympathisants à s’abonner en masse à sa page personnelle (et continue régulièrement de rappeler l’ensemble des réseaux sociaux sur lesquels elle est présente) pour atteindre le millier de personnes, disposant ainsi, il fut un temps, du réseau le plus conséquent de diffusion de sa communication.
Ce que disent ces chiffres :
- les personnalités politiques d’envergure nationale
Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Najat Vallaud-Belkacem,… sont très suivis autant sur Twitter que sur Facebook. On en déduira donc que tous sont d’une manière ou d’une autre, en tant que décisionnaire, opposant politique, figure étatique ou internationale, des personnalités dont la voix porte et dont les réactions et les avis comptent pour les Français.
- l’évolution et l’efficacité de leurs campagnes sur les réseaux sociaux (et de la manière dont ils sont considérés par l’opinion publique)
Ces chiffres en eux-mêmes n’ont qu’un intérêt relatif. Par ailleurs, ils sont critiquables dans la mesure où nous limitons l’étude des réseaux sociaux aux deux principaux, sans prendre par exemple en compte ni instagram (pourtant primordial pour l’image politique), ni youtube, ni snapchat, qui s’installent en force dans l’horizon virtuel des futurs candidats. Mais l’évolution de ce classement, la hausse ou la baisse de ces chiffres est un marqueur intéressant de l’efficacité de certaines campagnes de communication, et de l’évolution de la perception des politiques par l’ensemble des Français connectés.
À suivre…